Dans les salons prestigieux de Boston et de New York, un melon unique autrefois régnait en maître : le melon de Montréal. Son histoire révèle aujourd'hui les défis de la préservation de la diversité agricole.
Le melon de Montréal était une variété très prisée dans les grands restaurants chics de Boston et de New York, entre autres. Il a atteint l'apogée de sa popularité au début du 20e siècle.
A cette époque, les terres fertiles de Montréal où il était cultivé étaient convoitées et vendues à des promoteurs qui les revendaient en lots pour la construction d'immeubles afin de permettre l'expansion de la ville.
L'île de Montréal, qui possédait les terres reconnues comme les plus fertiles de la vallée du Saint-Laurent, a alors été sacrifiée, entraînant la fin de la culture de ce melon et ultimement la disparition presque totale de ses semences. Vers 1950, il n'apparaissait plus dans les catalogues offerts aux agriculteurs. Depuis déjà une vingtaine d'années, la demande pour ces gros melons est en déclin, on abandonne leur culture et on oublie de conserver des semences de cette variété unique à notre territoire.
Dans les années 1990, une découverte remarquable a eu lieu dans une banque de semences aux États-Unis : une pochette portant l'inscription "Montréal musk melon". Cette nouvelle a rapidement circulé parmi les passionnés de semences disparues, ravivant l'espoir de cultiver et de savourer à nouveau ce fameux melon oublié. L'enthousiasme était palpable. Une germination a été entreprise, et parmi toutes les semences retrouvées, seules 12 ont germé. Finalement, un seul melon a été récolté, celui qui semblait le plus correspondre à la description des caractéristiques du melon de Montréal d'antan.
Les semences de ce melon ont alors été récoltées pour devenir la nouvelle génération de graines du melon de Montréal, relançant ainsi cette variété de semences oubliée. L'objectif principal de cette nouvelle production était d'évaluer son potentiel de viabilité et de produire de nouvelles semences grâce à cette récolte.
"Petite histoire des familles cultivant des melons de Montréal dans la Côte-des-Neiges."
Plusieurs familles de cultivateurs produisaient des melons de Montréal dans le quartier. Les terres situées sous les rues pavées étaient considérées comme les plus fertiles de Montréal. Il était donc normal de trouver de multiples cultures de fruits et de légumes en abondance. On pense que les travailleurs des fermes Decarie et Gorman auraient appris les techniques de culture et les semences nécessaires à leur production. Dans cette publication, je nommerai quatre familles qui cultivaient principalement ces melons. La plupart de ces cultures se trouvaient dans le bas de la côte, c'est-à-dire la partie nord du quartier située entre le chemin de la Côte-Sainte-Catherine et l'actuel boulevard Métropolitain.
Delvida Daoust
possédait des terres qui se situaient dans l'actuelle ville de Mont-Royal. Ce cultivateur de melons était reconnu à l'époque grâce à sa descendance qui a conservé des photos et des souvenirs parvenus jusqu'à nous aujourd'hui, témoignant de la beauté de ces fruits aujourd'hui disparus.
Dans la ville de Mont-Royal, un petit parc témoigne du passage de cette famille dans le secteur et rappelle le riche passé agricole de cette région au cœur de la ville. Des sculptures de melons de Montréal nous permettent de nous rappeler ces merveilleux fruits et leur impact dans le monde gastronomique.
Édouard Roy : De nos jours, on peut toujours admirer la Maison Roy dans la Côte-des-Neiges. Si l'on observe attentivement la maison depuis le parc Martin Luther King, on remarque qu'en réalité, il s'agit de deux maisons qui ont été collées l'une sur l'autre.
La partie située du côté est est en fait la toute première maison de ferme de l'époque où de vastes champs de melons prenaient place sur les terres du parc. Monsieur Roy nous racontait comment c'était de cultiver ces melons alors qu'ils étaient à l'apogée de leur renommée.
Lors d'une interview, il nous rappelait que lorsque la période de récolte approchait, on engageait des gardes armés pour surveiller la production qui valait littéralement une petite fortune. On clôturait également certaines parties du champ pour ajouter une couche de protection à ces melons, qui étaient considérés comme le caviar du cantaloup.
Monsieur Benoît :
Sur les terres où se trouve aujourd’hui l’hôpital général juif, Monsieur Benoît cultivait également des melons de Montréal, entre autres cultures. Nous avons la chance d'avoir une photo qui nous montrent ses champs et ses récoltes.
La famille Cardinal :
Ces cultivateurs de melons avaient leurs terres de culture tout près de l’avenue Ellendale et du chemin de la Côte-des-Neiges, comme en témoignent les photos d'époque. Les cultures étaient abondantes ;
on peut y apercevoir les couches chaudes qui permettaient la plantation des melons plus tôt dans la saison, ainsi que des clichés montrant les melons dans d'immenses paniers. Les fruits étaient déposés sur de la paille à l'intérieur des paniers pour assurer leur préservation durant le transport.
La famille Cardinal produisait elle aussi d'importantes récoltes de melons.
Que devons-nous penser des fruits issus des nouvelles productions issues des semences retrouvées dans les années 1990 ? Certaines personnes sont sceptiques quant à savoir si le résultat de ces productions est loin des gigantesques melons que l'on peut apercevoir sur les photos d'époque. Le goût et la forme peuvent également varier si on les compare à une variété de melon génétiquement stable. Il est possible qu'il y ait eu hybridation lors des premiers essais, ce qui aurait pu affecter leur génétique.
De nos jours, les plantations de melons de Montréal se font rares. Cependant, grâce à un travail de vulgarisation et d'éducation populaire, un petit engouement se crée autour de la culture de ce fruit. Grâce au travail acharné de tous les passionnés, amateurs de melon et d'histoire, nous avons l'occasion de façonner une nouvelle souche de melon de Montréal. Cette souche pourrait être transformée à son tour grâce au processus de sélection, avec une volonté de lui redonner les caractéristiques particulières qui faisaient la renommée de ces melons disparus.
Nous pourrions émerger avec une nouvelle espèce.
l'histoire du melon de Montréal reflète les défis actuels de la préservation de la diversité agricole. Bien que les nouvelles productions issues des semences retrouvées dans les années 1990 suscitent des interrogations sur leur fidélité aux melons d'antan, l'engouement récent pour la culture de ce fruit offre des perspectives prometteuses. Avec détermination et passion, nous pourrions voir émerger une nouvelle souche de melon de Montréal, préservant ainsi un patrimoine culinaire et agricole précieux pour les générations futures.
Texte et recherche Jonathan Buisson
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