Avant l'avènement des moteurs électriques à essence et de la machine à vapeur, les sources d'énergie capables de mettre en mouvement des équipements utiles étaient rares.
Les animaux étaient utilisés pour des tâches de traction et de transport, y compris la mouture du grain à la main. En combinant l'invention de l'engrenage, qui a révolutionné la conversion de l'énergie, avec la capture de l'énergie éolienne et hydraulique en mouvement par différents procédés, on a ainsi allégé le labeur humain et augmenté la productivité. À partir de ce moment, la construction de moulins à vent et à eau est devenue chose commune.
Les Sulpiciens, qui étaient à cette époque les seigneurs de l'île de Montréal, firent construire des moulins à vent et à eau dans plusieurs petits villages naissants sur l'île, à des emplacements stratégiques qui présentaient les caractéristiques recherchées et tant convoitées, à savoir une source courante d'eau ainsi que des vents favorables. Ces éléments s'avéraient essentiels pour mener à bien leurs tâches. Ces moulins étaient essentiels pour les paysans qui pouvaient y faire moudre leur grain, qui servait en partie à payer la redevance au seigneur qui leur avait concédé ces vastes terres.
Dans Côte-des-Neiges, nous retrouvions à l'époque l'une de ces ressources essentielles à la construction de moulins, c'est-à-dire une source d'eau puissante et inépuisable. C'est pourquoi on a installé quatre moulins le long du ruisseau entre les rues Jean-Talon et Queen-Mary.
Les Sulpiciens en ont fait construire un moulin à farine dans le haut du village du côté ouest du Chemin de la Côte-des-Neiges, entre les rues Lacombe et Jean-Brillant, aux environs de 1707, et il a été en fonction jusqu'en 1814.
Dans le bas de la côte, encore une fois le long du ruisseau, on fit construire en 1722 un autre moulin à farine au coin des rues Légaré et Kent, du côté nord-ouest de l'intersection. On peut en déduire ici que le moulin qui se trouvait près de l'avenue Lacombe était situé trop loin des champs des cultivateurs qui se trouvaient en bas de la côte, qui commençait au chemin de la côte Sainte-Catherine. La pente devenait trop raide pour le bétail attelé aux chariots remplis du poids écrasant des récoltes à faire moudre.
Un troisième moulin sera construit sur le chemin de la Côte-des-Neiges, au coin nord-est de la rue Ellendale. Il s'agit ici du seul moulin qui semble capable d'effectuer les fonctions doubles de sciage et de mouture du grain. Selon Archeothec, qui aurait pris forme en 1723, en même temps que la maison de pierre habitée, on parle ici de l'érection d'une digue et d'un bassin de rétention pour augmenter la force de l'eau, puis d'un pont à pieux afin de traverser du côté est à l'ouest du chemin.
Donc, il y avait tout un ensemble de bâtiments dans ce secteur en 1723 et des poussières. Ce moulin semble avoir été financé par des intérêts privés. Ne s'agirait-il pas d'une commande des Sulpiciens ?
Avant 1731, on construit le quatrième et dernier moulin, il était situé en face du moulin à farine qui se trouvait entre les rues Lacombe et Jean-Brillant. Dans les rapports archéologiques, il est nommé moulin à scie Robert. Dans ce cas également, une digue et un bassin de rétention ont été érigés, mais aucune mention d'un pont. On peut aussi imaginer que ce secteur de la rue devait grouiller d'activités et de rencontres entre les paysans, etc.
Grâce à des recherches comme celles-ci, il nous est plus facile d'imaginer un monde auquel nous n'aurons jamais accès. C'est pourquoi le travail des archéologues nous est essentiel afin de reconstituer les pièces de ce casse-tête géant qu'est notre passé. Encore tant de découvertes sont à faire. Maintenant, on peut s'imaginer Côte-des-Neiges comme une grande vallée traversée par les montagnes, avec un magnifique ruisseau le long duquel on trouvait des moulins qui aujourd'hui ont disparu
En conclusion, l'histoire des moulins disparus de Côte-des-Neiges nous rappelle l'importance cruciale de l'archéologie pour comprendre notre passé. Ces moulins, autrefois essentiels à la vie locale, ont laissé des traces de leur existence, témoignant d'une époque révolue mais fascinante.
Texte et recherche Jonathan Buisson
Source Archeotech Archive ville de Montréal Facebook Souvenir et mémoires de Côte-des-Neiges
Les photos et dessins présentés dans la publication ne sont que des exemples destinés à illustrer le propos, nous ne possédons aucune représentation de ces moulins