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Photo du rédacteurJonathan Buisson (Cloud Pouarier)

L'histoire du lac aux castors

La plupart des gens qui résident à Montréal ou ceux qui ont visité le Mont-Royal et fait le tour du lac aux castors se posent souvent cette question : pourquoi le lac porte-t-il ce nom ? Il faut remonter loin dans le temps pour comprendre pourquoi. Des archéologues ont découvert en 1938 les vestiges d'un ancien barrage de castors.

À partir de ce moment, ce nom fut envisagé et adopté par la suite. Mais récemment, de nouvelles études ont été effectuées dans les sols de l'ancien lac aux castors grâce à des carottes de sédiments, permettant de retracer une très lointaine trace dans le temps de ces rongeurs et d'interpréter la métamorphose du paysage dans ce secteur. Cependant, il ne s'agit pas simplement de petits castors, mais en fait de "méga castors", oui oui, laissez-moi vous expliquer.

Il y a environ 11 000 ans, avec la fonte et le retrait des glaces de la dernière période glaciaire, les sommets du Mont-Royal émergèrent de la mer de Champlain. Tous les quartiers concernés par ces portions du sommet étaient à cette époque trois petites îles dans cette vaste étendue d'eau. Rapidement, du pollen et des graines arrivèrent sur ces îles, apportés par le vent et les oiseaux qui laissaient des graines parmi leurs fientes sur les rochers. Les recherches ont confirmé la présence de ce type de pollen particulier, notamment le pollen de Dryas (herbe à plumets ou thé des Alpes),

l'une des premières espèces de plantes à fleurs à coloniser les éboulis libérés par les glaciers, et de Polygonum viviparum, ou renouée vivipare, une plante herbacée commune des régions arctiques. Par la suite, avec le retrait progressif des eaux et l'évolution du climat et du territoire, d'autres plantes et espèces colonisèrent ces rochers, qui devinrent des microécosystèmes attirant une vie animale et végétale plus complexe. Les peupliers faux-trembles furent les premiers arbres à s'enraciner en ces lieux. Plus l'eau se retirait, plus on assistait à la transformation de ces trois îles en une seule, au centre de laquelle se forma une cuve entourée de trois sommets.

Cette cuve devint un environnement propice à l'établissement d'animaux. Le réchauffement rapide du climat permit l'épanouissement d'une forêt mixte en ces lieux. Dans les sédiments récupérés dans les prélèvements, on retrouva des morceaux de bois rongés par des castors. Cependant, il y a 10 000 ans, les castors qui peuplaient l'Amérique du Nord ne ressemblaient pas du tout aux castors que l'on connaît aujourd'hui. Il s'agissait en fait de gros animaux, de la taille d'un être humain. À cette époque, plusieurs mammifères étaient de taille gigantesque. Ceci nous amène à conclure que la présence de ces animaux dans ce secteur aurait attiré les populations humaines en raison de la proximité d'une nourriture abondante.

Quand en 1938 on procède à la construction du lac au fond en ciment que l'on connaît aujourd'hui, les archéologues procèdent aux premiers prélèvements du secteur. À cette époque, on retrouve des vestiges de barrage de castor tels qu'on les connaît aujourd'hui. On en conclut que l'occupation du castor dans cette cuve a transformé le secteur en s'étant graduellement rempli de matière organique jusqu'à devenir une tourbière.


En 1698, lors de l'ouverture des terres à la colonisation dans le secteur, on mentionne un ruisseau prenant sa source non loin de cette étendue d'eau qui se formait au printemps à cause de l'eau de fonte s'y accumulant. Plusieurs sources souterraines alimentaient le ruisseau non loin de ce secteur. Ces sources étaient probablement alimentées en partie par cette étendue d'eau pénétrant peu à peu le sol et alimentant l'inépuisable torrent du ruisseau Raimbault. Dans les années 1900, on décrivait l'endroit comme suit : "Ce petit lac n'est autre chose qu'un vestige d'un ancien marécage dont le centre était occupé par une pièce d'eau où vivaient des plantes aquatiques submergées telles que nénuphars et potamots, ceinturée de quenouilles et d'aulnes."


Le lac actuel fut aménagé en 1938 et devint alors un attrait important du parc du Mont-Royal, attirant les foules qui y pratiquaient plusieurs activités nautiques en été, en plus de profiter de l'ambiance paisible apportée par cette étendue d'eau. Sur la montagne, on organise des parties de pêche pour amuser les gens

on prélève alors des poissons dans le fleuve Saint-Laurent et on les apporte dans le lac aux castors, où les gens sont invités à pêcher directement dans le lac de ciment.

En hiver, une patinoire est aménagée sur le lac pour profiter des sports de glisse.

Dans les années 40-50, il y avait un autre petit lac sur la montagne, dans le cimetière NotreDame-des-Neiges. On y retrouvait un petit lac avec une maison en son centre.

Cette information et ces photos nous ont été transmises par Murielle Lefebvre et son frère, où l'on aperçoit les enfants, le lac et la petite maison.

Pour en revenir au lac aux castors, il fait encore aujourd'hui la joie des Montréalais qui en profitent allègrement pendant toutes les saisons. Il reste un véritable attrait pour tous ceux qui fréquentent la montagne. On peut aussi apercevoir des bancs de poissons rouges s'y promenant en été. Il est devenu le sanctuaire des poissons abandonnés de Montréal. l'histoire fascinante du lac aux castors révèle non seulement l'évolution géologique et écologique remarquable de cette région, mais aussi l'importance de la présence humaine et animale dans son développement.


De la formation des îles ancestrales à la création du lac actuel, en passant par l'occupation des méga castors et des castors modernes, ce lieu emblématique du Mont-Royal est un témoignage vivant de l'interaction dynamique entre l'homme et la nature. Aujourd'hui, le lac aux castors demeure un lieu de détente et de loisirs pour les Montréalais, tout en conservant son riche patrimoine naturel et historique.


Texte et recherche Jonathan Buisson

 

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Source Facebook Souvenirs et mémoires de la Côte-des-neiges, Banq




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