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Photo du rédacteurJonathan Buisson (Cloud Pouarier)

L’histoire du 1420 Mont-Royal

 

Les institutions religieuses ont laissé leur marque dans le quartier par les services qu'elles ont offerts à la population, que ce soit pour l’éducation ou l'aide aux plus démunis. À l'époque, elles offraient une forme de filet social qui protégeait les personnes dans le besoin, avant l'avènement des grands programmes gouvernementaux prévus à cet effet. D'une autre façon, elles laissent leur marque dans le paysage par les bâtiments qu'elles ont fait ériger.

 

À la limite nord-ouest d’Outremont, juché au pied du mont Royal, un bâtiment imposant occupe le paysage : il s'agit du 1420 du Mont-Royal, construit en 1924. Initialement conçu pour servir de maison mère pour les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, cet édifice était destiné à être un couvent et une institution pédagogique pour les jeunes garçons.

 

En 1889 et 1892, les sœurs avaient acheté trois lots à des propriétaires anglais dans ce secteur. Sur l'un de ces terrains se trouvait la magnifique Villa Thornbury, construite pour John Boston, avocat, shérif de Montréal et homme d'affaires. Les sœurs occupèrent cette maison qui servit  de résidence pour elles. Elle accueillait également des jeunes garçons pour leur faire la classe avant la construction du pensionnat Saint-Noms-de-Marie.

En 1898, elles vendirent le terrain adjacent de la future maison mère à la Montreal Heat and Power afin qu'elle effectue le creusage du Réservoir Bellingham, qui est aujourd’hui recouvert par un terrain sportif.

 

La première idée des sœurs était de construire leur maison près de la côte Sainte-Catherine ; finalement, un empêchement de la municipalité a fait en sorte que les sœurs choisissent l'emplacement actuel, juché dans la montagne sur le futur boulevard du Mont-Royal. Pour ce faire, la majestueuse Villa Thornbury a été démolie pour effectuer les travaux en vue d'aménager la future maison mère.

La construction a été entreprise en 1924 selon les plans conçus par l’architecte Viau et Vienne, de style néo-Renaissance. Les murs extérieurs sont en brique et en pierre de taille.

En 1938, le bâtiment a été agrandi selon les plans de l'architecte Joseph Dalbe Viau. L'intérieur compte des espaces somptueux pour les grandes pièces et les salles.

Situé dans un endroit magnifique avec un boisé à proximité et le réservoir du côté ouest, qui n'était pas recouvert à l'époque, donnant l'impression d'un lac à proximité. L'ensemble des éléments du décor offrait une vision magnifique, comme en témoignent les photos d'époque.

 

Cette institution a offert une éducation aux plus petits, d'abord aux filles uniquement. Vers les années 2000, les sœurs, propriétaires du bâtiment, ne peuvent plus maintenir les frais liés à son occupation.

Elles le mettent alors en vente, mais avec la condition que le prochain propriétaire maintienne la vocation pédagogique du bâtiment. L'école du Mont Jésus-Marie qui s'y trouvait fut alors déménagée. Après une entente conclue avec la communauté de St-Albert le Grand, les pères Dominicains, sensibles à notre mission éducative, acceptent de céder et vendre une section de leur grand jardin.

L’Université de Montréal se porte acquéreur du 1420 afin d'agrandir son campus et d'y construire ses prochains locaux. Cependant, après le commencement des travaux de conversion qui dépassent les coûts estimés, elle en vient à la conclusion que les coûts d'adaptation des locaux pour un usage futur prévu seraient trop élevés. Elle met alors le bâtiment en vente et choisit un autre site pour son expansion, à savoir l'ancienne gare de triage d’Outremont.

 

Le bâtiment du 1420 se retrouve alors entre les mains de spéculateurs financiers qui aspirent à transformer cette splendide résidence qui fut un berceau de l'enseignement et des initiatives communautaires, ce lieu où la population s'est épanouie grâce aux services offerts par ces communautés religieuses. La communauté religieuse avait conclu un accord avec l’Université de Montréal afin de préserver la vocation pédagogique institutionnelle du bâtiment. Malheureusement, cette entente n'était que verbale et non couchée sur papier. Elle ne fut malheureusement pas respectée par l'Université. Selon leur rapport d'expertise, les coûts associés à la mise à jour du bâtiment étaient au-delà de ce qui avait été prévu et les locaux ne s'avéraient pas adéquats pour l'usage envisagé.

 

Le bâtiment fut alors remis en vente et acheté par des promoteurs immobiliers qui ont vu une opportunité fantastique de transformer ces locaux en unités résidentielles de luxe, profitant ainsi du sublime décor intérieur du bâtiment. Après le rachat par des propriétaires privés, une demande pour changer la fonction du bâtiment auprès des autorités municipales, malgré les nombreuses pétitions émises par les citoyens qui ont émis une forte opposition au projet.

 

Malgré toutes ces oppositions, on se retrouve aujourd’hui devant le produit fini. Bien que nous soyons conscients que assurer la pérennité de ces bâtiments patrimoniaux passe par des projets pour leur donner une deuxième vie, des bâtiments d'une telle valeur historique et patrimoniale devraient, dans la mesure du possible, être repris par des institutions publiques qui permettraient un accès sans restriction aux beautés cachées à l'intérieur de ces institutions.

Malheureusement, il n'est pas toujours possible d'obtenir de tels résultats. Il reste que, selon mes informations, la transformation intérieure est bien réussie, le style Renaissance du bâtiment se marie bien avec les nouvelles modifications apportées aux locaux. La venue des futurs locataires viendra alourdir la circulation dans le secteur. De plus, je crains fort que la tranquillité des boisés et du belvédère sur le sommet d'Outremont ne soit menacée par une pression exercée sur les boisés par les nouveaux résidents du secteur.

l'histoire du 1420 Boulevard du Mont-Royal illustre un parcours riche en transformations et en rebondissements. Ce bâtiment, initialement conçu pour servir de maison mère pour les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, a traversé différentes étapes, devenant tour à tour un lieu d'éducation, un symbole de la communauté religieuse et un enjeu pour le développement urbain.

 

Les diverses tentatives de préservation de sa vocation pédagogique institutionnelle, notamment par des accords avec des institutions telles que l'Université de Montréal, n'ont malheureusement pas abouti. La réalité économique et les contraintes financières ont souvent pris le dessus, entraînant des changements de propriété et d'usage du bâtiment.

 

Malgré les efforts de certains pour préserver son héritage historique et patrimonial, le 1420 Boulevard du Mont-Royal a finalement été transformé en unités résidentielles de luxe, reflétant ainsi les évolutions de la société et du marché immobilier. Cette transformation, bien que controversée, témoigne de la nécessité de trouver un équilibre entre préservation du passé et adaptation aux besoins et contraintes contemporains.

 

Alors que le bâtiment poursuit son existence sous une nouvelle forme, il demeure important de se rappeler son passé et son importance dans le tissu social et historique de la communauté. Sa nouvelle vie en tant que résidence de luxe peut certes offrir un cadre de vie exceptionnel à ses occupants, mais il est également essentiel de veiller à ce que son héritage soit préservé et que son impact sur son environnement soit pris en compte. En somme, l'histoire du 1420 Boulevard du Mont-Royal soulève des questions complexes sur la préservation du patrimoine urbain et les défis liés au développement urbain contemporain.


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Merci, Jonathan Buisson

Texte et recherche Jonathan Buisson

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