L'histoire agricole de Montréal est riche en traditions et en héritage, notamment avec des produits emblématiques tels que le melon de Montréal. Dans des quartiers comme Côtedes-Neiges, des familles telles que celle de Delvida Daoust ont contribué à la renommée de ce fruit à la chair verte et juteuse. Plongeons dans le récit captivant de la culture et de la propagation de ce trésor local, témoignant du lien intime entre l'agriculture et l'identité de la métropole québécoise. Côte-des-Neiges possédait des terres reconnues parmi les plus fertiles de Montréal. Il était donc naturel d'y retrouver de magnifiques récoltes de fruits et légumes en abondance.
Parmi les multiples variétés de fruits cultivées, un fruit se démarquait des autres et a su se tailler une place de choix dans les assiettes de nos voisins du sud : le melon de Montréal. Malheureusement, ce fruit est aujourd'hui oublié et très peu cultivé, ayant disparu des catalogues de semences au profit de variétés de melon de dimensions plus modestes.
De nos jours, très peu de gens ont goûté à la chair verte de ce mythique melon. Malgré la découverte de semences oubliées dans une banque aux États-Unis, sa production à petite échelle n'a pas encore permis de voir ce type de melon sur les présentoirs de nos épiceries.
Cependant, grâce aux efforts combinés de certains passionnés de petite production, des avancées ont été réalisées pour redécouvrir ces melons oubliés qui ne sont plus à la mode parmi la population qui ne les connaît pas. Après plusieurs tentatives pour susciter l'intérêt des gens pour ce produit, il semble qu’en 2024, plusieurs initiatives veulent faire revivre cet emblème de Montréal qui faisait sa renommée il y a plus de 100 ans.
Le melon de Montréal a été développé par la famille Decarie à Notre-Dame-de-Grâce. Sa culture s'est rapidement répandue dans les quartiers avoisinants situés aux abords du mont Royal. À Côte-des-Neiges, il était également cultivé, principalement dans la partie inférieure de la côte, en particulier dans la zone s'étendant vers le nord à partir de CôteSainte-Catherine. Sa propagation dans Côte-des-Neiges est vraisemblablement liée au fait que les travailleurs des fermes Decarie étaient dotés de connaissances en culture et de semences, qu'ils rapportaient dans le quartier pour y être cultivés.
Lors de la saison des récoltes, ces travailleurs appliquaient à leur tour une sélection de semences issues de spécimens choisis selon des critères précis, ceux-là mêmes qui conféraient aux melons leur particularité distinctive. À l’époque où le territoire de la Côte-des-Neiges s'étendait sur une plus grande superficie dans sa partie nord, certaines terres s'étendaient jusqu’au boulevard Métropolitain actuel.
C'était le cas pour la terre de Delvida Daoust, l'un des premiers producteurs de melons de Montréal dans la Côte-des-Neiges. Sa terre se trouvait en fait dans la partie basse de la côte, qui fut divisée en deux vers 1862, le bas devenant Notre-Dame-des-Neiges Ouest. Sur ces vastes terres, désormais intégrées à la Ville Mont-Royal, il cultivait, entre autres, le melon de Montréal ainsi que plusieurs variétés de légumes. Il remportait souvent des concours d’agriculture, comme en témoigne une photo avec un immense pied de céleri.
Ce cultivateur était déterminé à mener à bien son entreprise agricole pour fournir des légumes de qualité et les fameux melons de Montréal, grâce à son savoir-faire et à son dévouement à produire des récoltes de qualité, notamment pour le melon, reconnu pour sa complexité à cultiver.
Un soin particulier était nécessaire, de la semence au melon juteux, sur une période de six mois, grâce à des artisans talentueux comme Delvida Daoust, dont la renommée dans la Côte-des-Neiges était liée à ses emblématiques melons. Son fils Roger Daoust a témoigné dans le magazine L'Actualité, affirmant : « Nous avons été les premiers à produire le melon de Montréal », lui qui a consacré sa vie à Mont-Royal. La ferme Daoust se trouvait sur le chemin Lucerne. Au milieu des années 1950, avec l'essor de Montréal et de Mont-Royal, la fin des champs des Daoust et d'autres maraîchers était annoncée, remplacés par des immeubles. La vénérable maison de ferme en pierres où est né M. Daoust en 1929 a été rasée, bien qu'elle remonte au début du 18ᵉ siècle. La maison de pierre où ont grandi les 11 enfants Daoust a été démolie en 1951. Ses pierres ont été utilisées pour construire le muret de soutènement à l’angle du chemin de la Côte-des Neiges et de l’avenue Cedar, près de l’Hôpital général de Montréal.
La croix de chemin plantée par les Daoust a été déplacée rue Jean-Talon, près du chemin Lucerne, où la famille possédait, par bail emphytéotique, quelques mètres carrés d’un terrain appartenant à Hydro-Québec. Elle y est restée pendant plus d’un demi-siècle.
Aujourd'hui, très peu de traces de cette épopée subsistent, si ce n'est le minuscule parc Delvida-Daoust, situé chemin Lucerne, qui honore la mémoire du dernier fermier de Mont-Royal. La croix de chemin Daoust Fortier reste à ce jour le symbole le plus évocateur de cette ferme oubliée de Côte-des-Neiges. De plus, une sculpture de melon trône au centre de la ville de Mont-Royal, rappelant ainsi l'importance historique de ce fruit emblématique de la région.
L'histoire de Delvida Daoust et de ses melons de Montréal illustre parfaitement l'essence même de l'agriculture traditionnelle et de l'héritage familial profondément enraciné dans la culture de Montréal. Le melon de Montréal, avec sa chair verte et juteuse, représente bien plus qu'un simple fruit ; il incarne un symbole de fierté et de savoir-faire ancestral. Malgré les défis rencontrés au fil du temps et l'évolution rapide de la ville, le souvenir de Delvida Daoust et de sa ferme demeure vivant grâce à des hommages tels que le minuscule parc Delvida-Daoust et la croix de chemin Daoust Fortier. Ces témoins silencieux rappellent l'importance historique de cette épopée agricole, témoignant de l'engagement et du dévouement de ceux qui ont contribué à façonner le paysage agricole de Montréal.
La présence d'une sculpture de melon au cœur de Mont-Royal ajoute une touche artistique à cette histoire, soulignant l'importance culturelle et symbolique de ce fruit emblématique de la région. En célébrant le passé tout en regardant vers l'avenir, nous honorons non seulement le travail acharné et la passion de Delvida Daoust et de sa famille, mais aussi l'héritage agricole précieux qui fait partie intégrante de l'identité de Montréal.
Texte et recherche Jonathan Buisson
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Source Journal de Montréal, Roger Daoust ,Smcdn, Facebook Souvenirs et mémoires CDn Ndg Outremont L’actualité